Pratiques pédagogiques gagnantes pour les garçons – suite

par Richard Cliche, enseignant en adaptation scolaire (primaire et secondaire)

Notez bien ici que je ne fais pas une promotion directe des produits mentionnés dans ce billet, mais que je les utilise en tant qu’exemples types.

Dans un billet que j’ai publié le 17 mars 2014, j’ai parlé des pratiques pédagogiques gagnantes à utiliser avec les garçons, qui sont souvent les laissés-pour-compte de notre système d’éducation au Québec.

Parmi les 8 pratiques exposées dans ce billet, trois de celles-ci ont été dernièrement vécues dans des situations concrètes:

– les garçons ont besoin d’apprentissages concrets et de défis;

– tenir compte des intérêts des garçons: mythologie, sports, biographies d’hommes importants, bandes-dessinées et astronomie entre autres;

– l’intégration et l’utilisation des technologies en apprentissage est un « must » pour eux.

Mon fils de huit ans, n’appréciait guère l’école autre que pour ses cours d’arts, éducation physique et mathématique et n’aimait pas vraiment la lecture. Cependant, tout au long de la présente année scolaire, son intérêt pour celle-ci s’est grandement développé. Voici donc le parcours intéressant d’un petit gars qui n’aimait pas lire.

L’automne dernier, après un rentrée « rocailleuse » et un acharnement quotidien des parents pour qu’il lise quelques pages, Thomas cherchait encore ce qui pouvait bien l’intéresser dans les livres. Étant un fervent de super héros et d’homme forts, un certain intérêt pour la lecture a débuté en lisant des bandes dessinées d’Astérix et Obélix, ainsi que des magazines éducatifs tel que Les explorateurs. Pendant l’hiver, sa quête vers le goût de lire s’est ensuite poursuivie avec des romans jeunesse de type Beast Quest ,  très bien adaptés aux jeunes garçons. Au printemps, il nous a faire part d’un projet qu’il voulait réaliser: écrire un livre racontant les exploits sportifs de personnages, en l’occurrence lui-même, son frère et ses amis, dans un univers intéressant pour lui: le hockey. Suite à l’écriture de son texte qu’il a lui même corrigé, il a demandé de l’aide, à ses parents enseignants, pour faire une mise en page avec le traitement de texte et explorer les possibilités d’un futur e-book. Il a ensuite entrepris de faire connaitre sa production en le présentant à son entourage et à son école.

le joueur de hockey

Le joueur de hockey par Thomas Cliche

Pour clore une année riche en découvertes littéraires, nous lui avons offert un roman dont il est le personnage principal, par le billet du site monroman.ca. Un succès pour nourrir un appétit de plus en plus vorace pour la lecture.

Finalement, j’ai pu observer au fil de l’année scolaire, que la situation académique de cet enfant de 8 ans qui me faisait part de ne plus vouloir aller à l’école en début d’année, s’est grandement améliorée. Développer son intérêt à la lecture a certes demandé beaucoup d’attention et d’implication tant de sa part, que de celles des parents et de  son enseignante Stéphanie Mercier.

Le vécu de cette année dans l’évolution de la littératie de Thomas confirme encore plus les conclusions d’une étude de Higgins et Berger que j’avais mentionnée  dans mon précédent billet à ce sujet. «La littératie scolaire chez les garçons révèle que  la collaboration entre tous les acteurs de l’éducation  joue un rôle de premier plan et que ces derniers doivent mettre l’accent sur la diversification des ressources pédagogiques, l’utilisation de la technologie, le développement de la communication orale et la différenciation pédagogique ».

Je termine donc encore avec la citation de William Butler Yeats : « Éduquer, ce n’est pas remplir un seau, mais allumer un feu ». Dans le présent cas, le feu pour le goût de la lecture est bien pris, il ne reste qu’à souffler pour que ce goût s’embrase encore plus.

 

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Comment le numérique changera l’école?

À l’approche du Rendez-vous des écoles francophones en réseau (REFER) 2015 où la thématique sera Le numérique à l’école: entre humanisme et utilitarisme, j’ai pensé partager avec vous différentes pistes de réflexions sur comment le numérique changera l’école?

Tout d’abord, un récent rapport de Drouin, Guay, Ouimet et Parent (2014) nous parle Des perspectives d’utilisation des TI en éducation au Québec.  La première partie de ce document dresse le portrait de grandes tendances qui émergent actuellement quant à l’utilisation des TI en contexte pédagogique : l’infonuagique, les données, la mobilité et l’éducation ouverte. La seconde partie se penche, quant à elle, sur les éléments formant les écosystèmes d’apprentissage qui se déploient actuellement, selon des modalités différentes, à chaque palier du système d’éducation : les acteurs, les données éducatives numériques et les dispositifs technologiques qui les supportent. La troisième partie positionne une série d’enjeux que le GTN-Québec juge déterminants pour une implantation efficace et réussie des TI en contexte pédagogique. Finalement, la dernière partie brosse le portrait des enjeux liés au déploiement des TI à chacun des trois ordres d’enseignement.

Dans la même veine d’offrir différentes perspectives, un billet de Martin Lessard, suite à sa participation au congrès de Clair 2015, nous apporte différentes perspectives sur le sujet: Le numérique doit-il changer le milieu de l’éducation? « La technologie permet donc de modifier le contexte d’apprentissage (…) elle met l’apprenant au centre de son apprentissage. Elle ouvre toute sorte de nouvelles perspectives: ludification, classe inversée, cours massif en ligne (MOOC), école en réseau. Mais peut-on dire que ces changements apportent réellement quelque chose de positif aux élèves? »

D’un côté, l’intégration et l’usage des TIC a certes modifié notre façon d’enseigner et les manières d’apprendre des élèves et ce, avec différents impacts culturels et sociaux. Un article de Collin et Karsenti (2013), « Usages des technologies en éducation : analyse des enjeux socioculturels »,   propose un tour d’horizon des résultats de leur recherche et des recommandations qu’ils formulent. De l’autre côté cependant, dans un billet Professors Know About High-Tech Teaching Methods, but Few Use Them publié sur le blogue The Chronicle of Higher Education, il est étonnant de voir que plusieurs pédagogues possèdent les connaissances et compétences technologiques pour modifier leur approche pédagogique, mais demeurent encore hésitants à les utiliser et les intégrer.

Dans le même ordre d’idées, un récent article sur Profweb de Laflamme et Turgeon, on nous offre un compte-rendu d’un récent webinaire, Clearing the Confusion between Technology Rich and Innovative Poor, présenté par Alan November. On se questionne à savoir si l’intégration des TIC en classe rend réellement notre pratique innovante. On nous fait aussi observer l’importance de faire une distinction entre une utilisation riche et une utilisation novatrice des technologies. Lorsque les enseignants utilisent le numérique à l’école, November nous propose de  réfléchir à la définition de l’innovation en matière de technologies éducatives et d’évaluer leur propre pratique par le billet de 6 questions:

  1. L’utilisation du numérique pour une tâche contribue-t-elle au développement de l’esprit critique sur le web?
  2. Est-ce que la tâche demandée a permis aux étudiants de développer de nouvelles perspectives?
  3. Les étudiants ont-ils l’occasion de rendre leur processus de réflexion « visible » ?
  4. Les étudiants ont-ils la possibilité d’élargir leurs perspectives et d’établir un dialogue auprès d’un auditoire international?
  5.  Les étudiants ont-ils la possibilité de contribuer à une cause (action engagée)?
  6. Est-ce que la tâche demandée souligne les meilleures réalisations étudiantes à travers le monde?

Qu’on le veuille ou non, l’éducation devra faire face au rythme effréné du développement technologique et s’y adapter, tant pour la pérennité du système d’éducation que pour le développement des citoyens de demain. Le site Te@chtought nous offre un aperçu de la manière dont la technologie changera l’éducation dans les 15 prochaines années via le billet 30 Incredible Ways Technology Will Change Education By 2028.  Pour ce qui est de l’apprenant actuel, celui-ci devra être en mesure de développer de nouvelles habiletés pour le marché du travail de 2020. Davies, Fidler et Gorbis (2011) nous en font part dans un rapport de l’Universtié de Phoenix, Future Work Skills 2020 .

Enfin, plusieurs recherches ont évalué l’impact des TIC en éducation. Vous pouvez les retrouver sur cette liste non-exhaustive de liens vers des recherches, rapports, études et articles sur des thématiques liées à l’impact du numérique sur l’apprentissage des apprenants. Aujourd’hui, la recherche se fait plus ciblée : l’ impact des TIC est établi depuis près de 20 ans maintenant !

Alors, comment le numérique changera l’école? Au plaisir d’en discuter avec vous au REFER 2015.

 

Richard Cliche

Pratiques pédagogiques gagnantes pour les garçons

par Richard Cliche, enseignant en adaptation scolaire

Lors du dernier TEDx Wilfrid-Bastien en février 2014, Patrick L’Heureux, responsable des services à l’éducation préscolaire et à l’enseignement primaire à la Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP), nous a parlé des pratiques pédagogiques gagnantes à utiliser avec les garçons, qui sont souvent les laissés-pour-compte de notre système d’éducation au Québec. Voici les 8 pratiques dont il a parlé:

1- les garçons ont besoin d’apprentissages concrets et de défis;

2- ils se contentent d’une vision globale d’une notion ou d’un concept et non des détails;

3- l’utilisation des lignes du temps leur permet de mieux  situer les notions dans l’espace temps;

4- lorsqu’on leur enseigne, il faut apprendre à se contenter des réponses sans « fioritures »;

5- tenir compte des intérêts des garçons: mythologie, sports, biographies d’hommes importants, bandes-dessinées et astronomie entre autres;

6- dans la mesure du possible offrir des devoirs différents aux garçons et aux filles;

7- tenir compte qu’ils ont une capacité d’intérêt de 20 à 25 minutes et de ne pas dépasser plus de 5 consignes;

8- enfin l’intégration et l’utilisation des technologies en apprentissage est un « must » pour eux.

Ces pratiques peuvent s’avérer fort utiles dans la lutte au décrochage des garçons et dans l’évolution des groupes d’adaptation scolaire où  ceux-ci sont surreprésentés par rapport aux filles. De plus, constatant que 70% de la clientèle d’adaptation scolaire est composée de garçons, Égide Royer, psychologue et professeur en adaptation scolaire à l’Université Laval, a renchéri avec la réflexion suivante: est-ce un problème de motivation émanant de l’élève ou est-ce que l’environnement éducatif exige trop des garçons? La lecture de son ouvrage Leçons d’éléphants: Pour la réussite des garçons à l’école offre d’autres pistes de réflexions et de solution intéressantes.

Enfin, une étude de Higgins et Berger portant sur la pratique réflexive des enseignants à l’égard de la littératie scolaire chez les garçons révèle que « la collaboration entre les enseignants a joué un rôle de premier plan et que ces derniers ont mis l’accent sur la diversifi cation des ressources pédagogiques, l’utilisation de la technologie, le développement de la communication orale et la différenciation pédagogique ».

Je termine donc ce billet de la manière que M. L’Heureux a débuté sa prestation, avec une citation de William Butler Yeats : « Éduquer, ce n’est pas remplir un seau, mais allumer un feu ».

** Pour un article complet sur les conférenciers du TEDx Wilfrid-Bastien 2014, consultez l’excellent billet de ma collègue Brigitte Léonard **

10 mythes concernant l’utilisation des blogues dans un cadre scolaire…

par Roberto Gauvin (publication complète ici)

(…)beaucoup d’enseignants ne connaissent pas encore le potentiel des blogues scolaires afin d’améliorer l’écriture et la lecture,  je dis souvent dans mes formations, pour enseigner à jouer au tennis, il faut expliquer comment jouer, il faut démontrer comment s’y prendre, mais pour devenir un joueur de calibre international,  il faut pratiquer.  Les blogues scolaires sont comme les terrains de tennis de l’écriture.

(…)Voici donc 10 mythes sur l’utilisation des blogues dans un cadre scolaire que je rencontre au cours de mes formations avec des enseignants…

1- Les blogues sont trop compliqués pour les élèves

2- Il faut attendre que les élèves soient meilleurs en écriture avant de publier

3- Nous n’avons pas le temps de bloguer pendant le temps scolaire

4- Les blogues c’est pour les cours de français seulement

5- Les blogues sont dispendieux

6- Les élèves vont recevoir des commentaires négatifs et même se faire intimider en ligne

7- Les élèves sont trop jeunes pour bloguer

8- Nous avons besoin d’un blogue pour bloguer

9- Nous avons besoin d’un ordinateur pour chaque élève avant de pouvoir bloguer

10- Les élèves font du copier-coller lorsqu’ils publient

En terminant, l’utilisation du blogue scolaire est encore un outil méconnu de la plupart des enseignants et des parents (…) Avec le temps, j’espère que plusieurs enseignants verront le blogue comme une belle façon d’encourager le développement de l’écriture.

Les sept caractéristiques des technopédagogues hautement efficaces

1. Ils visent un but précis en utilisant les outils technologiques

2. Ils sont flexibles et démontrent une bonne capacité d’adaptation

3. Ils sont ouverts au changement

4. Ils partagent à outrance

5. Ils sont des ambassadeurs

6. Ils sont prévoyants et clairvoyants

7. Ils sont impliqués et actifs

(…) Les enseignants-technopédagogues utilisent les TIC comme outil et non comme une fin en soi. Cette technologie est au service de l’enseignement et non le contraire. Cela dit, bien au contraire de la crainte souvent répandue, les TIC, sous l’emprise de ces enseignants, favorisent les relations constructives entre les humains.